Le Sénat américain demande des comptes à l’administration Bush à propos du Canadien Maher Arar
Alberto Gonzales avait l’air du petit garçon pris dans le sac, le 18 janvier, quand le sénateur du Vermont Patrick Leahy l’interrogeait devant le comité judiciaire du Sénat américain sur le citoyen canadien Maher Arar. Leahy demandait au secrétaire à la Justice des États-Unis pourquoi Arar avait été envoyé en Syrie plutôt que remis entre les mains des autorités canadiennes, alors qu’il était évident qu’il allait être torturé.
« We knew damn well that if he went to Syria, he’d be tortured », a déclaré d’entrée de jeu Leahy, tout nouveau président démocrate du comité judiciaire du Sénat. La décision de le remettre entre les mains des autorités syriennes allait à l’encontre des valeurs de dignité et de respect des droits humains auxquels tiennent les Américains, a dit en substance Leahy.
Malheureusement, a-t-il rappelé, Arar n’est pas le seul cas de remise d’individus soupçonnés de terrorisme entre les mains de régimes tortionnaires. Au moins deux autres citoyens canadiens se sont retrouvés dans cette situation.
Devant l’insistance de Leahy, Gonzales lui a promis qu’il aurait droit rapidement à un « briefing » sur le cas Arar. Leahy lui a répliqué qu’il allait revenir à la charge et entreprendre une enquête officielle s’il n’obtenait pas une réponse la semaine suivante. Il a ajouté que le Canada, un des plus sûrs alliés des États-Unis, a droit à des explications. Leahy a aussi voulu savoir pourquoi Arar était toujours sur une liste d’individus interdits de séjour aux États-Unis, mais Gonzales a refusé de répondre à sa question.
C’était la première fois que le secrétaire à la Justice comparaissant devant le comité judiciaire du Sénat depuis que les démocrates sont majoritaires au Sénat. Les échanges ont porté sur plusieurs opérations antiterroristes de l’administration Bush, dont la surveillance électronique sans autorisation judiciaire. Le moment le plus intense a été celui où le sénateur Leahy a interrogé Gonzales sur le cas Arar.
Democracy Now a rediffusé la vidéo d’acceptation de son prix que Maher Arar a fait parvenir aux organisateurs du Letelier-Moffitt Human Rights Awards.
Arar a été brutalement torturé pendant toute l’année où il a été prisonnier en Syrie. Une commission d’enquête canadienne présidée par le juge en chef adjoint de l’Ontario, Dennis O’Connor, l’a complètement innocenté : « Je suis en mesure d’affirmer catégoriquement qu’aucune preuve n’indique que M. Arar a commis quelque infraction que ce soit ou que ses activités constituent une menace pour la sécurité du Canada. » Les enquêteurs ont fait le maximum pour trouver toute information qui aurait pu lier Arar à des activités terroristes, mais ils n’ont rien trouvé.
L’enquête a cependant conclu que la Gendarmerie royale du Canada a transmis des informations inexactes aux autorités américaines. Le commissaire a même constaté que de l’information inexacte avait été transmise aux médias canadiens après le retour d’Arar au pays pour tenter de le discréditer.
Maher Arar attend toujours des excuses de la part des autorités américaines qui savaient pertinemment qu’il serait torturé en Syrie.
Democracy Now ! Friday, January 19th, 2007 Sen. Patrick Leahy Questions Attorney General Alberto Gonzales on Extraordinary Rendition Victim Maher Arar.
Tags : Amérique du Nord Etats-Unis
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