BNP Paribas est accusée d’avoir contourné les sanctions
américaines contre l’Iran, le Soudan ou Cuba. Ces transactions, selon
la banque, n’étaient pas illégales en Suisse ou dans les pays européens,
qui n’avaient pas pris de sanctions comparables. Mais les Etats-Unis
entendent les punir en raison de l’usage du dollar, véhicule privilégié
du commerce de matières premières. Ils considèrent en effet que ces
transactions ont été effectuées en dollars, via le système financier
américain, et qu’ainsi elles ont violé les sanctions imposées par
Washington.
BNP Paribas est le premier établissement à avoir rendu à Washington les
conclusions de sa revue rétrospective de huit ans de paiements en
dollars dans les pays sous le coup de sanctions. D’autres s’apprêtent à
le faire : Crédit Agricole – autre acteur clé de la scène genevoise des
matières premières – ou Société Générale. Evoquant une « chasse aux
sorcières », Christian Weyer, ancien patron de Paribas à Genève dans les
années 80, estime que ces pressions « pourraient décourager ces groupes
de poursuivre leur financement du négoce avec des pays présentant un
risque politique ». Le patriarche du secteur rappelle que, dans les
années 90, les Nations unies en personne avaient désigné BNP Paribas
comme la « trésorière du programme Oil for Food » lié aux sanctions
américaines contre l’Irak. En vingt ans, l’attitude de Washington aura
donc totalement basculé.
D’autres groupes financiers – Lloyds TSB dès 2009 puis
HSBC, ING ou Standard Chartered – ont déjà essuyé de lourdes sanctions
en raison de leurs activités en lien avec l’Iran. Le total des amendes
jusque-là imposées par Washington n’atteint pas la moitié de celle qui
pourrait frapper BNP Paribas.