Nicolas Berdiaeff, dans ses « Réflexions sur les destinées de la Russie et de l’Europe », écrit : « La révolution russe est un grand malheur. Toute révolution, du reste, est une calamité. Il n’y a jamais eu de révolution heureuse. La révolution russe est abjecte. Mais toute révolution est abjecte. Il n’y a jamais eu de révolutions belles, harmonieuses et heureuses. D’autre part, toutes les révolutions ont été manquées. Il n’y a jamais eu de révolution réussie. La Révolution française, que l’on dit « grande », fut elle-même abjecte et manquée. Elle ne fut pas meilleure que la révolution russe, ni moins sanglante ni moins cruelle ; elle fut aussi athéiste, aussi destructive à l’égard de tout ce que l’histoire avait jusque-là consacré. La révolution russe n’est pas ce qu’on appelle « grande », elle n’est qu’une révolution importante, dépourvue d’auréole morale. »
Au sujet de ces deux révolution, René Guénon écrivait : « Partout dans le monde occidental, la bourgeoisie est parvenue à s’emparer du pouvoir, auquel la royauté l’avait tout d’abord fait participer indûment ; peu importe d’ailleurs qu’elle ait alors aboli la royauté comme en France, ou qu’elle l’ait laissée subsister nominalement comme en Angleterre ou ailleurs ; le résultat est le même dans tous les cas, et c’est le triomphe de l’« économique », sa suprématie proclamée ouvertement. Mais, à mesure qu’on s’enfonce dans la matérialité, l’instabilité s’accroît, les changements se produisent de plus en plus rapidement ; aussi le règne de la bourgeoisie ne pourra-t-il avoir qu’une assez courte durée, en comparaison de celle du régime auquel il a succédé ; et, comme l’usurpation appelle l’usurpation, après les Vaishyas (caste dont les fonctions propres étaient celles de l’ordre économique), ce sont maintenant les Shûdras (caste la plus inférieure) qui, à leur tour, aspirent à la domination : c’est là, très exactement, la signification du bolchevisme. » (R. Guénon)
C’est ainsi que la Révolution Française marqua le pouvoir des Vaishyas comme la Révolution Russe marqua celui des Shûdras ; cette dernière, marquant également l’ultime phase d’un certain Cycle historique, puisqu’il n’est plus possible de « descendre » plus bas.
Toujours dans son ouvrage « Réflexions sur les destinées de la Russie et de l’Europe » (1927), Nicolas Berdiaeff dit que les femmes jouent un rôle singulièrement important dans le réveil religieux de notre époque. Les femmes sont prédestinées à être, comme dans l’Évangile, les porteuses d’aromates (nourriture de l’esprit). Cette extension du rôle de la femme dans la période future de l’histoire ne signifie pas du tout le développement du mouvement d’émancipation féminine de l’histoire moderne, qui se proposait de rendre la femme semblable à l’homme, de conduire la femme par une voie masculine. C’était là un mouvement antihiérarchique et égalisant, niant la qualité originelle de la nature féminine.
Ce n’est pas la femme émancipée ni rendue semblable à l’homme, mais l’éternel féminin, dit-il, qui aura un grand rôle à jouer dans la période future de l’histoire.
« Les chevaliers reviendront, dit Merlin, quand Galaad leur tendra des armes nouvelles. Et ils reprendront la Quête, non dans le sang mais dans la Lumière, non contre l’Amour mais avec lui. »
« Das Ewig-Weibliche zieht uns hinan » : « L’éternel féminin nous entraine vers le haut » (Goethe, Faust).
La Nature a donné à chacun des fonctions différentes : l’Homme féconde le corps de la Femme, et la Femme féconde l’esprit de l’Homme