Bercoff convoque le Washington Post : les vaccinés meurent plus que les non-vaccinés ?
Ce n'est là qu'une illustration d'une pratique très répandue dans les sphères antivax ou complotistes. Pour gagner en crédibilité, on tend à aller chercher dans des sources réputées sérieuses des propos qui nous donnent raison. Sauf que, quand on prend la peine de vérifier, la sourcre sérieuse dit souvent le contraire de ce qu'on dit soi-même. Malhonnêteté ? Bêtise ? Précipitation ? Exemple avec André Bercoff, qui veut faire avancer son idée que les vaccins anti-covid ne servent à rien, voire sont nuisibles et dangereux. Pour se faire, il se réfère à un article du Washington Post qui, précise-t-il, "n'est pas une officine complotiste", et qui a titré qu'aujourd'hui il y a plus de morts du covid-19 chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.
.@andrebercoff sur la réintégration des #soignants : « Le Washington Post a titré hier en Une qu’il y a aujourd’hui plus de morts chez les vaccinés que chez les non-vaccinés ! » #morandinilive #Cnews #COVID19 #RéintégrezLesSuspendus #Morandini pic.twitter.com/B05m0cYkwg
— Nicolas ⓩ (@walZemm) November 25, 2022
Lisons donc l'article du Washington Post (traduit partiellement) :
Le Covid n'est plus principalement une pandémie de non-vaccinés. Voici pourquoi.
Pour la première fois, une majorité d'Américains mourant du coronavirus ont reçu au moins la première série du vaccin.
58 % des décès par coronavirus en août étaient des personnes vaccinées ou boostées, selon une analyse menée pour The Health 202 par Cynthia Cox, vice-présidente de la Kaiser Family Foundation.
C'est la continuation d'une tendance troublante qui a émergé au cours de la dernière année. À mesure que les taux de vaccination ont augmenté et que de nouvelles variantes sont apparues, la part des décès de personnes vaccinées n'a cessé d'augmenter. En septembre 2021, les personnes vaccinées ne représentaient que 23 % des décès par coronavirus. En janvier et février de cette année, il était jusqu'à 42 %, selon nos collègues Fenit Nirappil et Dan Keating.
"Nous ne pouvons plus dire qu'il s'agit d'une pandémie de non vaccinés", a déclaré Cox à The Health 202.
Le fait de ne pas être vacciné reste un facteur de risque majeur de mourir du covid-19. Mais l'efficacité diminue avec le temps, et une analyse publiée la semaine dernière par les Centers for Disease Control and Prevention souligne la nécessité d'obtenir des injections de rappel régulières pour maintenir le risque de décès par coronavirus à un faible niveau, en particulier pour les personnes âgées.
Anthony Fauci, l'éminent expert national des maladies infectieuses, a profité de son dernier briefing à la Maison Blanche hier avant sa retraite en décembre pour exhorter les Américains à obtenir les boosters spécifiques à l'omicron récemment autorisés.
"Le dernier message que je vous donne depuis ce podium est que s'il vous plaît, pour votre propre sécurité, pour celle de votre famille, obtenez votre vaccin covid-19 mis à jour dès que vous êtes éligible", a-t-il déclaré.
Cox, comme de nombreux experts, dit qu'elle n'est pas surprise par le changement de ratio. Il y a quelques raisons :
- À ce stade de la pandémie, une grande majorité d'Américains ont reçu au moins leur première série de vaccins contre le coronavirus, il est donc logique que les personnes vaccinées représentent une plus grande part des décès.
- Les personnes les plus à risque de mourir d'une infection à coronavirus, comme les personnes âgées, sont également plus susceptibles d'avoir reçu les injections.
- Les vaccins perdent leur efficacité contre le virus au fil du temps et des variants apparaissent qui sont mieux à même de résister aux vaccins, de sorte que des rappels continus sont nécessaires pour continuer à prévenir la maladie et la mort.
La sous-variante BA.5 omicron est devenue dominante en juillet et représentait systématiquement la majorité des nouvelles infections à coronavirus aux États-Unis jusqu'au début de ce mois. La souche hautement transmissible a alimenté une vague de nouvelles infections, réinfections et hospitalisations tout au long de l'été.
Il est toujours vrai que les groupes vaccinés courent un risque moindre de mourir d'une infection au covid-19 que les non vaccinés lorsque les données sont ajustées en fonction de l'âge. Une analyse publiée par le CDC la semaine dernière souligne la protection offerte par les injections de rappel supplémentaires contre les maladies graves et la mort à mesure que l'immunité diminue.
Jetons un coup d'œil aux décès en août, lorsque la variante hautement contagieuse BA.5 a atteint son apogée :
- Ce mois-là, les personnes non vaccinées âgées de 6 mois et plus sont décédées à environ six fois le taux de celles qui avaient reçu leur première série de vaccins.
- Les personnes ayant reçu une dose de rappel étaient encore mieux protégées. Les personnes non vaccinées de plus de 5 ans avaient environ 8 fois plus de risques de mourir d'une infection à coronavirus que celles qui avaient reçu une injection de rappel.
- Parmi les personnes qui étaient éligibles pour recevoir des injections de rappel supplémentaires, l'écart est encore plus frappant. Les personnes non vaccinées de 50 ans et plus avaient 12 fois plus de risques de mourir du covid-19 que les adultes du même âge avec deux doses de rappel ou plus.
Etc.
Le Washington Post explique donc qu'il est logique que les morts du covid-19 se trouvent désormais davantage chez les vaccinés que chez les non-vaccinés, car les vaccinés représentent l'écrasante majorité de la population. Et les personnes âgées, plus susceptibles de mourir du covid-19, ont été largement vaccinées.
Est-ce à dire que les vaccins sont inefficaces ou dangereux ? Que nenni. Leur efficacité diminue avec le temps, surtout face aux variants, et c'est la raison pour laquelle il est recommandé de faire des injections de rappels régulières. Il faut se faire vacciner plus souvent.
Et, en proportion, selon l'âge, les non-vaccinés continuent de mourir bien plus du covid-19 que les vaccinés. Le vaccin protège donc et des doses de rappel sont conseillées pour garantir la meilleure protection. Les non-vaccinés se mettent, eux, en danger. Cela contredit totalement Bercoff.
CONCLUSION : Bercoff n'a lu que le titre de l'article, qui l'a trompé. Il n'a pas jugé utile de lire l'article lui-même. Le grand journaliste qu'il prétend être s'est donc comporté comme un twittos moyen, qui s'empresse de partager des articles dont il ne lit que le titre.
Tags : Information et Médias Vaccins Journalisme Désinformation Coronavirus Covid-19
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