Pourquoi il n’y aura pas d’union des patriotes en 2012
De passage à Libourne durant le mois d’octobre, Nicolas Dupont-Aignan s’est vu poser une question sur la fameuse union des patriotes, à laquelle certains rêvent (voir à la 40e minute).
Par-delà leurs différences, il est des politiques que l’on qualifie de patriotes : de droite à gauche, on trouve ainsi Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg, voire Jean-Luc Mélenchon. Ce sont, en gros, les porteurs du "non" (majoritaire) au référendum sur le TCE en 2005.
Ces patriotes, s’ils sont dispersés, sont assurés de perdre et de laisser la victoire, facile, aux libéraux du PS ou de l’UMP. La victoire n’est envisageable que s’ils sont unis. Et c’est là que le bât blesse... Car, même si le clivage gauche-droite est largement dépassé, nos professionnels de la politique n’y ont pas encore renoncé, loin s’en faut !
C’est ainsi qu’à gauche, on n’envisage à aucun prix une alliance avec des partis classés à droite. En revanche, à droite, on est plus ouvert à cela. Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan sont les seuls à avoir appelé à un grand rassemblement des patriotes de gauche et de droite. Le sectarisme serait-il moins grand à droite ?
Mais qui donc pourrait diriger la fameuse alliance ? Il est exclu que ce soit un candidat venu des "extrêmes". Exit donc Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Il y a, certes, une difficulté, car Marine Le Pen pèse à elle seule autant, voire plus, que tous les autres réunis. Lui demander de s’éclipser au profit d’un autre peut paraître illogique, et pourtant... c’est la seule solution pour gagner. Car, même si Marine Le Pen atteignait 30% dans un 1er tour, elle n’atteindrait jamais les 50% dans un second. A moins d’une révolution majeure dans les mentalités, qui ne semble pas encore d’actualité...
Montebourg reste encore englué dans le Parti socialiste, dont il devra bien se défaire un jour... à moins qu’il ne nous rejoue le coup de Fabius, porteur du "non" en 2005 et rentré dans le rang depuis, bien au chaud dans son parti. En vérité, Jean-Pierre Chevènement aurait été le rassembleur idéal. Malheureusement, il commence à être atteint par l’âge, et surtout il a toujours refusé de jouer ce rôle. Reste Nicolas Dupont-Aignan.
On dira qu’il pèse peu électoralement, certes. Mais il est à ce jour l’un des deux seuls qui appellent au rassemblement des patriotes de gauche et de droite, et sa modération en fait un bien meilleur candidat de second tour que Marine Le Pen. Et si cette dernière se fait traiter de nazie et de fasciste à peu près chaque semaine par Mélenchon et même parfois Montebourg, les rapports semblent beaucoup plus cordiaux avec Dupont-Aignan, qui s’est d’ailleurs déjà affiché dans des réunions politiques communes avec des leaders de gauche (comme ici).
Dans la vidéo ci-dessus, Dupont-Aignan le dit clairement (41e min) : "Je pense que je suis le seul des patriotes à pouvoir rassembler. Parce que si le patriotisme vient de la droite extrême ou de la gauche extrême, il se coupe d’une partie importante de la population et il ne rassemble pas. Donc il faut être à la fois patriote et rassembleur. Et quand je regarde autour de moi, j’estime être le seul. C’est peut-être un peu prétentieux, mais c’est la réalité, alors autant que je le dise."
On imagine bien que Marine Le Pen ne se rangera pas, bien sagement, derrière Dupont-Aignan, pas plus que Chevènement, pas plus que Montebourg ou Mélenchon... parce que tous ces chevaux de course misent d’abord sur leur petite personne avant de penser au pays. Ils savent, de manière absolument certaine, qu’ils perdront en ordre dispersé, mais ils iront jusqu’au bout... pour leur propre gloire.
Ils nous disent que nous sommes à la veille de l’apocalypse, et qu’il n’y a plus cinq ans à perdre... En toute logique, la victoire de leurs idées fondamentales - au-delà de leurs différences, notamment sur des questions comme l’immigration - devrait être impérative... Et pourtant ils joueront leur carte personnelle. Misère... L’amour de la France a ses limites - celle de l’égo - même chez nos patriotes auto-proclamés.
Les frontistes les plus fanatiques peuvent bien pester contre NDA, qui privera peut-être leur championne de deuxième tour... mais l’enjeu est-il le deuxième tour ou la victoire ? A l’heure actuelle, Nicolas Dupont-Aignan est bien le seul rassembleur des patriotes pour une éventuelle victoire, compte tenu de la défection, dans ce rôle, du Ché... Mais ce rassemblement, s’il a lieu un jour, ne sera pas pour 2012. En 2017 peut-être, si l’apocalypse annoncée ne nous a pas tous emportés...
Tags : Politique Marine Le Pen Jean-Luc Mélenchon Nicolas Dupont-Aignan Présidentielle 2012 Jean-Pierre Chevènement Arnaud Montebourg
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON