(suite et fin)
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Ce compagnonnage du jaune et du vert était déjà visible le jour des
dégradations effectuées à l’Arc de Triomphe. Le film qui monte les
ravages et la jubilation des vandales qui exhibent leurs trophées en
atteste. Le pouvoir a utilisé ces images pour discréditer le mouvement
des gilets-jaunes. C’était rentable du point de vue de la petite
politique politicienne, mais c’était mortel sur le terrain de l’avenir
du pays. Bien pour le journal de vingt heures, mais nul pour l’avenir et
le destin de la France.
Dans la mouvance salafiste, du côté
des Frères musulmans, dans les pays comme le Qatar, le mouvement des
gilets-jaunes est perçu comme une occasion de faire tomber l’Occident
pensé comme judéo-chrétien, donc comme un adversaire rabique. Une fois
tombé l’édifice, il ne resterait plus qu’à y installer une idéologie
nouvelle.
Dans une analyse fouillée et touffue de la
récupération du mouvement par les salafistes intitulée "Gilets jaunes et
Alexandre Benalla : l’ours islamiste est sorti de ses banlieues (les
preuves)", Mohamed Louizi [6] cite ce propos de l’islamiste Elias
d’Imzalène : "Il nous appartient donc à nous muslim de réimpulser une
contestation politique intégrale de l’American Way of Life. Il nous faut
faire mentir Fukuyama et prouver au monde que l’Histoire n’est pas
encore finie (…). A nous donc de donner un sens politique à cette
révolte. Le but n’est donc plus de contester simplement cette hausse des
taxes mais bien ce système politique qui l’induit. Et pour qui
douterait encore, qui de plus légitime que le muslim politique assumant
sa fonction de réveil des masses et de refus de l’oppression comme
avant-garde de cette révolte ? Ne possédons-nous pas dans notre logiciel
originel même (l’islam) cette contestation de la société de consommation
basée sur l’exploitation des masses par un système financier reposant
sur l’usure et la spéculation ? Ce n’est donc pas pour contrer
l’extrême-droite ou encore pour nous ranger derrière d’autres que nous
nous devons de soutenir ce mouvement. Mais c’est bien pour accomplir en
plein jour les objectifs primordiaux de notre logos (l’islamisme) que
nous devons nous lever pour la justice sociale et contre ce système
oppressif. (…) Cette révolte sera ce que l’on en fera… Alors oui il faut
être des Gilets jaunes !". En passant, Mohamed Louizi fournit des pistes
intéressantes sur Alexandre Benalla…
La presse de
"gauche" calomnie évidemment Mohamed Louizi. Les tribunaux le
poursuivent. J’y verrai pour ma part bien plutôt une confirmation qu’il
dit vrai…
Quoi qu’il en soit, ce groupe qui attaque Alain
Finkielkraut prouve que les gilets-jaunes sont au moins infiltrés par
ceux-là qui se sont montrés à visage découvert.
Si les
gilets-jaunes ne s’organisent pas urgemment, s’ils ne font pas le
nécessaire pour se démarquer et se dissocier clairement de cette
pathologie sociale, politique et intellectuelle qu’est l’antisémitisme,
s’ils ne surmontent pas leurs petites divergences afin d’éviter par la
fédération de leurs forces girondines que de plus forts, de plus rusés,
de plus malins qu’eux emportent la mise de leur mouvement, alors ils
vont mourir, mangés tout cru par l’islamo-gauchisme, quelle qu’en soit
la forme : les partis ou les syndicats dits de gauche dans une version
light, c’est celle du "Soumission" de Houellebecq, ou bien les
organisations salafistes dans la version hard, c’est celle de
"Guérilla", le roman de Laurent Obertone. Le moment est historique : il a
le choix entre s’organiser ou se faire absorber par les prédateurs aux
aguets.
Michel Onfray
PS : A l’heure où je termine mon
texte, dimanche 17 février à 16 heures, je découvre "qu’à gauche" des
voix minimisent, voire justifient l’agression dont a été victime Alain
Finkielkraut… On y retrouve comme par hasard des gens de La France
Insoumise, du Media et du Parti socialiste avec Jean-Pierre Mignard, ami
intime de François Hollande et… président du Comité d’éthique (sic) de
la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron -prière de ne pas rire…
Dans cette liste édifiante, on trouve également "l’humoriste" Yassine
Belattar, nommé par Emmanuel Macron au sein du Conseil présidentiel des
villes.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/02/17/01016-20190217ARTFIG00072-des-voix-minimisent-l-agression-dont-a-ete-victime-alain-finkielkraut.php
________________________________
[1] http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/08/29/31001-20160829ARTFIG00117-le-camarade-melenchon-converti-a-l-islamo-gauchisme.php
https://www.lejdd.fr/Politique/laicite-pourquoi-jean-luc-melenchon-ne-desavoue-pas-daniele-obono-3477842
[2]
https://www.la-croix.com/Actualite/France/En-2012-une-courte-parenthese-dans-la-presidentielle-2015-11-22-1383479
[3] https://www.lemonde.fr/religions/article/2018/11/09/les-actes-antisemites-en-hausse-de-69-en-2018-en-france_5380962_1653130.html
[4]
On trouvera le détail de ces textes, de ces citations, de ces faits et
gestes, dans "Penser l’islam", chez Grasset (2016). Je défends
publiquement ces thèses depuis le "Traité d’athéologie" (2005).
[5]
https://www.politiquemedia.com/personnalites-475.html
[6] http://mohamedlouizi.eu/2018/12/29/gilets-jaunes-et-alexandre-benalla-lours-islamiste-est-sorti-de-ses-banlieues-les-preuves/#_ftnref233
Il
est bien évident que Mohamed Louizi est puissamment controversé par
ceux qu’il démasque. Je me contente de citer l’une de ces citations à
l’appui de sa thèse : on ne pourra la lui reprocher…